lundi 24 décembre 2012

Le vide ou le plein



Le ventre vide - forcément la bouche - et pourquoi ne pas le remplir ? Mais cela ne servirait, je crois, qu'à combler l'ennui. Je ressentais un grand vide en moi hier aussi mais, j'ai eu beau avaler du soda, sucer des glaçons et manger de la pizza, je n'avais jamais envie de m'arrêter ou pas longtemps. Le foie gras je n'en mange pas même si je me gave comme une oie "industrielle" (sur l'étiquette ils marquent n'importe quoi ; elles passent toutes par les cages et le gavage de folie). Mais je mange tant  de choses que je n'ai pas le temps de digérer et la putréfaction occasionne d'affreux ballonnements. Une petite cure de Rien s'impose. Rien excepté Du bon vin, des vitamines et une nourriture spirituelle composée de préceptes bouddhiques et de lectures axées sur le développement personnel. Il va falloir penser à qui je suis et me débarrasser de la connerie et, de fait, me déconnecter des réseaux sociaux. De cette manière, je pourrai vider le trop plein accumulé dans un secteur ignoré de mon cerveau. Vider la mémoire, liquider les déchets, redevenir légère.

mardi 13 novembre 2012

Egarements

J'ai entamé un voyage dans des plaines arides qui se changent parfois en sables mouvants. Je réclame du vent pour me pousser et sécher l'eau qui coule dans mon cou ; un vent fort et frais qui m'élèverait désormais vers le sommet. 

Dissoutes, les poussières sont un nuage flottant qui encercle le premier palier de cette montagne dont le sommet reste encore à atteindre. Et mon désir d'y accéder croît quand je regarde le pic d'ici-bas.
 J'entends au loin des langues se délier ; des rires qui sonnent faux se déploient et par leur éclat tendent à me couper l'herbe sous le pied. Mais je me suis déjà repliée dans des sous-terrains toujours plus profonds, des caves de pierre où la chaleur est quasi insoutenable pour d'autres que moi. La résonance des rires hystériques meurt avec fracas dans un son de cristal de pacotille, se brisant.

Avançant vers moi à pas de loup, il pointe soudain le bout de sa queue, le Diable, et il me dit de m'y agripper. Auréolé par la joie, il a une gueule d'amour mais je ne craquerai pas. Mon cœur ne peut plus se laisser emballer comme ça. J'ai fait le choix d'avancer dans une voie et il ne m'en dissuadera pas, pas cette fois. Pas cette fois. Pas cette fois.

Le clocher sonne l'heure pour moi d'aller me coucher alors que certains, encore abrutis par le sommeil, endossent leur parka et s'en vont dans la brume, sans rire cette fois ni sourire car ils auraient l'air fou ou imbibé comme je le suis de toi.

Et j'entends chanter au bout du couloir une litanie qui m'attire vers un jardin plein de lumière.

Haïku façon Soleil couchant




La main tendue
Le cœur en miettes
Une larme à l’œil
Il ne bougea plus

Un souffle au cœur
Les yeux plein de larmes
Les mains tendues
Il ne cria plus

La nuit noire
La descente de pilule
L'indigestion fatale
Il ne se réveillera plus

dimanche 14 octobre 2012

Le livre

A la place des écouteurs sur les oreilles, musique à fond, ou au lieu d'écouter la radio et d'entendre des mots dictés par des voix aussi belles que celle de Pascale Clark, je tente, dans la position assise et accoudée à mon bureau, d'écouter le silence des pages, un livre placé sur chacune de mes oreilles. Au fond, je triche un peu. Il y a un disque de Franz Ferdinand qui tourne et je le perçois en sourdine à présent concentrée sur le son jusqu'ici silencieux de mes deux bouquins. Je voudrais vous décrire ce que je perçois mais je ne peux pas. Cet instant est à moi.

Plongée dans une espèce de méditation, je songe à la façon dont j'aime le déguster. Dans mon lit, pour me préparer à rejoindre Morphée, en somme. Sinon dans mon bain pour un réveil en douceur et pendant quinze minutes ou trois heures. Dans le canapé avec un bon café ou un verre de vin sur le côté et facile à attraper, juste tendre la main. Adossée à l'accoudoir, jambes étendues les pieds posés sur un coussin. Je peux y rester des heures et des heures, finir par m'endormir avec le livre à bout de doigts et reprendre ma lecture dès le réveil. Mais peu importe quand je le lis et dans quelles conditions, il produit toujours sur moi l'effet désiré sinon je passe au suivant. Il y en a tant et de tous les formats. Le livre est un antidépresseur naturel, une pilule d'ecstasy sans descente déprimante même si à certains je suis tant attachée que j'ai du mal à imaginer la fin arriver. Je voudrais en lire au moins un nouveau chapitre chaque jour, l'épouser, ne jamais connaitre le dernier mot de cette histoire.

Hormis Franz Ferdinand que je perçois en sourdine et le craquement de mes doigts maintenant avec fermeté un livre que quelqu'un m'a donné (je ne cite pas le titre car je déteste cet ouvrage) sur le tympan gauche et sur l'autre le dictionnaire des synonymes, j'ai beau tendre l'oreille je n'entends rien sauf parfois un souffle; vient-il de l'océan Indien ou du fin fond des montagnes hargneuses? Je n'en sais rien.

Dès lors je décide d'y goûter et de lécher une de leurs pages de papier; mais rien ne réveille mes papilles. Je vais à présent l'explorer en entier et le toucher avec mes dix doigts, le caresser. Et enfin à ce moment j'entends en tournant ses pages une caresse audible mystérieusement rassurante.

Mon dictionnaire sent la poussière. Ça me fait juste penser que je ne l'ai pas ouvert depuis un moment. Sa couverture un peu pliée, ses coins recroquevillés et son film plastic un peu ondulé me rappellent cependant que je l'ai bien lu et même emporté dans la salle de bain; sans doute une période de grande passion entre lui et moi. Mais elle n'est pas éteinte juste en veilleuse. Quand soudain je m'aperçois qu'en plus de le laisser prendre la poussière je l'ai rangé à côté de l'analogique! De toute façon, la jalousie, il ne la connait que par définition. Cependant je vais le changer de place. Il va peut-être apprécier de se trouver auprès du livre de citations et dans mon salon, où il pourra capturer, à sa façon, d'autres odeurs et d'autres sons.

Et si la musique et le bruit façonnaient comme nos esprits son corps de papier recouvert de carton plastifié? 
Observer. Cela peut sembler con de regarder l'évolution d'une éventuelle dégradation d'un livre qui serait due aux sons. Et ça l'est sans aucun doute mais cet acte peut mener au calme. Il s'agirait d'une méditation en plusieurs étapes et à alterner avec une méthode similaire du genre fixer une flamme de bougie et juste pour laisser le temps au son de mener involontairement son opération de métamorphose ou de destruction (c'est selon) sur le papier. Mieux vaut tenter l'expérience avec un recueil de poésies ou tout autre ouvrage de jeux de mots ou de textes succincts se dégustant comme des mignardises car à chaque fois, l'ouvrant au hasard, on sera tenté de lire. Excellent aussi le livre de dictons qui peut vous offrir tel un horoscope journalier le chemin à suivre pour la journée. Parcourant une page de ce dernier au hasard, j'arrête mon doigt en même temps que se tait soudain Franz Ferdinand; et je lis: 

La parole est d'argent mais le silence est d'or.

samedi 6 octobre 2012

De grandes oreilles pour quoi faire ?

En quoi est-ce que je ressemble à un petit lapin ? Je ne suis pas petite. Je n'ai pas de grandes oreilles ni un museau que je remue sans arrêt sans aucune maîtrise (signe de bonne santé néanmoins). Je ne suis pas née par insémination ni dans un hangar sans air frais et sans lumière naturelle. Je ne suis pas bourrée de médicaments par un tiers depuis mon premier jour sur la Terre et je n'ai aucune infection ni aux yeux ni aux oreilles qui ne soient pas de suite soignée par un tiers. Je ne suis pas née enfermée ni ne serai tuée pour être mangée avec des carottes et de la purée (enfin ça ça reste à voir).

Un petit lapin industriel est buté avant douze mois ou assommé dès la naissance s'il ne paraît pas sain (ça reste aléatoire) puis laissé à l'agonie dans une caisse.

Qu'est-ce que j'ai du petit lapin ? L'air mignon ? ...

dimanche 30 septembre 2012

Une vie utile mais jetable

Sans toi je ne sais pas qui je serais ni même si j'existerais. Quand bien même je serais ce que je suis aujourd'hui, même fonction même habit, ma vie serait vide et je serais là sans l'être tout à fait. Je ne connaitrais, je le crois, que l'ennui. Somme toute tu le décris assez bien et j'aime quand tu l'écris car à ce moment-là je sais qu'au fond de toi, il n'existe plus. L'âme sœur que tu ne définis pas je l'ai trouvée en toi, je le sens. J'aime me trouver entre tes doigts, entre toi et la feuille de papier vierge. Je veux que tu m'utilises jusqu'au bout et composes des histoires où se mêlent le sang, la nature et où coulent tes sentiments. Quand je serai vidé tu me jetteras, c'est mon destin ; je m'y suis déjà préparé. Je ne t'en veux pas. Chacun a une fin. Mais après moi,je t'en prie, prends un bic ! Car je veux être ton dernier porte-mine.

mercredi 19 septembre 2012

Un brin d'éternité

Quand je te hume je sens mon premier dérapage, l'ultime (mais je n'en parlerai pas ici) et surtout je me rappelle de mon premier baiser, celui qui m'a le plus marqué. Cachée dans les buissons j'ai découvert ma sexualité lorsque nos salives se sont mélangées par nos baisers écrasés. Je ne sais plus à quoi tu ressemblais ni comment tu t'appelais mais tu as éveillé en moi des émois que je recherche encore en embrassant mes amants.

Sur la terre ferme, chevelure infinie et tendre, fraîche et brillante ou asséchée et croustillante selon l'humeur du temps, mais toujours au détour d'un chemin. Tu accueilles mes pieds nus comme des rois ; en été, en fin de journée, lorsque le soleil commence à se coucher tu es rafraîchissante et apporte légèreté à ces extrémités de mon corps. J'aime me coucher sur toi à peine vêtue percevoir ton parfum vert et deviner ton goût de salade, cette saveur un peu fade.

Une plaine remplie de toi ressemble juste au paradis. Rien entendre à chaque pas rien que le silence pas à pas.  Marcher sur toi nus pieds c'est divin. Quand je vais au bois, je finis toujours par quitter le chemin pour te rejoindre, m'étendre à même ton corps à la fois dense et aérien et parfois mâchonner un instant un bout de toi, les yeux rivés vers le haut, l'immense.