samedi 1 février 2014

Un express



Entre mes mains un cercle plein où circulent énergie et rien, une chose noire et vide, noire et limpide ; une opacité telle que j'y perçois mon propre chemin dans la nuit, celui qui m'appartient que je me crée avec mes nerfs anéantis ou à la limite de l'être, une métaphore engloutie à petites lampées pour ne pas me brûler.
Le contenu coule et trace sa voie dès le bout de ma langue que je garde dans mon gosier pour ne perdre mes mots, les observer d'abord pour leur offrir leur plus bel habit de sortie. Il dégage un parfum fort et réveille mon esprit conscient puis de purs desseins de poésies avalés aussitôt par ses profondeurs qui les gardent secrets jusqu’à mon lit, jusqu'à mon lit. Ce contenant  dont il s'échappe, transparent comme un non-dit, est aussi rassurant qu'une vielle tasse ébréchée sortie du grenier de la maison familiale. Je le remplirai à plusieurs moments de la journée et à des cadences différentes tout en fonction de la nuit que j'aurai passée. Cet objet en plastic est aussi beau qu'une tasse d'antan mais si différent et jetable sans remord contrairement à celui qu'il imite. Il n'est pas un vulgaire gobelet en plastic blanc ; il est transparent et assez solide pour le garder toute la journée, rassurant jusqu'au bout il réveille ma sensualité à chaque fois que je bois dedans, c'est déjà ça. Ma tasse de café jetable donne toujours envie d'être dégustée et plus encore que celle en porcelaine complètement dépassée. Plus de canards. Juste un serré bien noir.

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