Entre mes mains un cercle plein où circulent énergie et rien, une chose
noire et vide, noire et limpide ; une opacité telle que j'y perçois mon propre
chemin dans la nuit, celui qui m'appartient que je me crée avec mes nerfs
anéantis ou à la limite de l'être, une métaphore engloutie à petites lampées
pour ne pas me brûler.
Le contenu coule et trace sa voie dès le bout de ma langue que je garde dans
mon gosier pour ne perdre mes mots, les observer d'abord pour leur offrir leur
plus bel habit de sortie. Il dégage un parfum fort et réveille mon esprit
conscient puis de purs desseins de poésies avalés aussitôt par ses profondeurs
qui les gardent secrets jusqu’à mon lit, jusqu'à mon lit. Ce contenant
dont il s'échappe, transparent comme un non-dit, est aussi rassurant qu'une
vielle tasse ébréchée sortie du grenier de la maison familiale. Je le remplirai
à plusieurs moments de la journée et à des cadences différentes tout en
fonction de la nuit que j'aurai passée. Cet objet en plastic est aussi beau
qu'une tasse d'antan mais si différent et jetable sans remord contrairement à
celui qu'il imite. Il n'est pas un vulgaire gobelet en plastic blanc ; il est
transparent et assez solide pour le garder toute la journée, rassurant jusqu'au
bout il réveille ma sensualité à chaque fois que je bois dedans, c'est déjà ça.
Ma tasse de café jetable donne toujours envie d'être dégustée et plus encore
que celle en porcelaine complètement dépassée. Plus de canards. Juste un serré
bien noir.
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